CUBA, DE LA REVOLUTION A LA DESILLUSION
Cuba ! Le Che, Fidel
Castro, la Révolution, la Baie des Cochons, La Havane, les voitures americaines
des annees 50, les cigares Cohiba, le rhum, la salsa, les plages, ...Autant de
symboles et d'images qui ont construit une icône mondiale d'un monde possible
anti capitaliste et romantisé à l'extrême.
58 ans après la prise de la
Havane par Fidel, que reste t il de cet immense espoir ?
Pour le savoir, durant 30
jours en Juillet et Aout, nous avons silloné Cuba, de Viñales à Santiago de Cuba
en faisant halte dans une dizaine de villes.
Et bien, il faut etre allé
à Cuba pour le voir ... et le croire !
1°/ C'est un peuple dont le
salaire mensuel d'Etat s'étale entre 8.50 € pour un employé et 25 €/mois pour
un médecin, obligeant ces derniers, tout comme des milliers d'avocats , ingénieurs,
radiologues, professeurs ou géologues à abandonner leur profession pour conduire
les touristes, sous un soleil d'enfer, en pédalant sur un vélo - taxi, en
faisant le ménage ou en louant une chambre ou deux de leur "casa" !
Nombre d'entre eux sont désespérés, et nourrissent un sentiment d'impuissance face à l'absurdité de la situation conduisant les "cerveaux" du pays à accomplir des tâches sans aucun rapport avec leurs études.
Les taxes et prélèvements peuvent atteindre 90% et les amendes
aux motifs totalement ubuesques relèvent tout simplement d'un racket d'Etat accentuant
encore le marché noir et autres magouilles pour s'en sortir.
Un système où les plus anciens renoncent à toucher leur maigre retraite insuffisante pour survivre et tentent d'avoir une petite activité, synonyme d'un quotidien un peu amélioré.
Certains quartiers de la Havane
sont identiques à des zones qui auraient subi un bombardement tant ce qu'il reste
des bâtiments s'apparente plus à un amas de gravats qu'à des constructions...
Certains sont d'ailleurs habités.
Des rues où des hommes et femmes par dizaines tuent le temps, assis devant le perron de leur maison, en regardant passer les voyageurs.
2°/ Dans de nombreux domaines, le comportement des cubains atteint une ... bêtise abyssale :
Un peuple sans aucune conscience
écologique, jetant leurs déchets à même la rue, la plage ou la mer des Caraïbes
!
Jamais nous n'aurons vu
de telles "plages-poubelles", jonchées de détritus par milliers.
Au point que trouver une
plage "praticable" relève de la gageure.
Déchets alimentaires, gobelets, assiettes en plastique, bouteilles de bières brisées à même les rochers sur des centaines des mètres ...
A cela, il faut encore ajouter
un manque de respect vis à vis des autres qui laisse pantois : les cubains n'hésiteront
pas à mettre de la musique
"à fond", à l'aide de baffles dignes d'une
soirée en discothèque, sans jamais se soucier si le volume assourdissant peut gêner
les personnes assises à moins de 2 mètres.
Ils n'hésiteront pas, non plus, à jeter à la mer la bouteille de rhum qu'il auront bu en se baignant...
Que dire du harcèlement verbal dont sont victimes quotidiennement les touristes européennes avec des propositions sans équivoque ...
Le surpoids et l'obésité
qui touche près des 43 % de la population, l'envie de consommer et la perte du
respect de son compañero ont remplacé dans les ventres et les cerveaux les idéaux
qui les nourrissaient il y a encore 20 ans.
A ce sujet, la cuisine
est très décevante : intoxication alimentaire
(Oui ! D'autres voyageurs que nous avons rencontrés en ont également été victimes), plats pratiquement inmangeables tant le
poisson ou le blanc de poulet manquaient de fraîcheur au point de ne pouvoir les
couper, légumes ayant de toute évidence traînés dans le frigidaire, ou assiettes
de fruits à un prix exorbitant ont accompagné notre périple de bout en
bout.
On ne peut que trop vous inviter
à vous méfier des langoustes dont la fraîcheur de la plupart d'entre elles restent
à démontrer .
Autant dans les casas que dans les restaurants.
Rarement, nous n'avions été
reçus avec autant de visages fermés et sans sourire.
Marquant souvent une réelle
antipathie, et parfois même de l'agressivité.
Là encore, jamais nous n'aurons
vécu de tentatives quasi systématiques d'arnaques, accompagnées de mensonges ou
d'histoires à dormir debout.
Au restaurant, en prenant
un taxi, en achetant une bouteille d'eau dans une "supérette" ou bien
même un billet de bus.
Même la compagnie nationale
de cars "Viazul" se livre à des stratagèmes incroyables pour obliger
les touristes à prendre des taxis collectifs aux pratiques encore plus
scandaleuses, à des tarifs souvent supérieurs et avec des temps de parcours à rallonge.
Pour exemple, il nous aura
fallu 7 heures pour parcourir 230 kilomètres, entassés à 17 dans un de ces
taxis collectifs, après avoir été changés de véhicule, comme du bétail, separés de nos premiers compagnons de route, sans
aucune explication.
Pour finalement tous se retrouver
dans le même véhicule lors des derniers kilomètres après que le chauffeur ait prétexté
une panne imaginaire d'un autre taxi collectif...
Nous pourrions décliner en dizaines d'exemples la manière dont le mensonge est utilisé de manière récurrente par une large majorité de cubains qui ne voient dans le touriste qu'une bourse à vider.
3°/ Que penser de la prostitution
où de jeunes hommes et des femmes de tout âge se vendent pour une bière, et où
des hommes n'hésitent pas à offrir leur épouse ou leur fille pour quelques Cuc,
l'équivalent de quelques euros ?
Quand on pense que le Che
parlait de l'Homme nouveau ...
La corruption a gangrené
toute la société obligeant les cubains à se livrer à "un negocio"
plus ou moins illégal dans l'angoisse permanente d'être contrôlé et pris en flagrant
délit.
Apprendre au détour d'une
conversation qu'un cubain est mort, il y
a quelques années, d'un infarctus lors un contrôle inopiné, alors qu'il préparait
"illégalement" une langouste à un touriste qu'il avait reçu dans sa "casa",
laisse sans voix...
Enfin, entendre les mêmes
témoignages dans toute l'île sur le sentiment d'impuissance, le désarroi ou la désillusion
des cubains ne fait que renforcer l'idée que le romantisme révolutionnaire
cubain est un mirage savamment entretenu.
Non, Cuba n'est pas le
pays, ni le peuple que l'on pensait decouvrir ou redécouvrir.
Le choc entre le fantasme
et la réalité est rude et mettra vos certitudes en pièces si vos yeux et votre
cerveau daignent en accepter l'existence.
Bien entendu, certains s'horrifieront
à la lecture de ces lignes jurant qu'ils n'ont jamais rien vu de tel.
Et pour cause !
Certains voyageurs y
seront allés dans des periodes de faible affluence ou hors vacances cubaines.
D'autres auront voyagé par l'intermédiaire de tour - opérateurs qui
prennent grand soin de débarquer leurs clients dans les zones les plus
touristiques de chaque ville en évitant soigneusement les quartiers dont l'image
et les odeurs pestilentielles relèvent plus du tiers monde que de ce qu'en attendent
des touristes avides d'entendre de la musique cubaine ou de boire un daikiri
dans un des bars fréquenté par Ernest Hemingway !
Quant aux plages, ils préféreront
réserver des chambres dans un des hôtels 5 étoiles de Varanero aux plages parfaitement
propres et fréquentées exclusivement par des étrangers et sous bonne
surveillance.
Sur ces plages là, point
de cubains ! Et pour cause ...
D'autres soutiendront
avoir fréquenté des plages "cubaines".
C'est fort probable mais certainement
pas pendant les mois de vacances de Juillet et Août !
Heureusement, dans ce
pays en lente désagrégation politique, morale et sociétale, une petite minorité
de cubains, très cultivée pour l'essentiel, tente de survivre dans ce qui était,
pour eux aussi, un espoir.
Celui de voir surgir de Cuba un monde équitable,
juste et moderne.
Ce sont eux qui nous ont confié,
le plus souvent et le plus sincèrement, leurs désillusions ...
Eux aussi qui nous ont
accueilli avec coeur, sincérité et envie d'expliquer la situation politique, économique
et morale passée et actuelle.
Ce sont d'ailleurs ces
"casa particulares" là qui vous aideront dans l'organisation de votre périple et
vous eviteront souvent de très nombreuses arnaques de taxis et restaurateurs
sans scrupule.
De plus, ils vous
proposeront une cuisine souvent authentique, fraîche et traditionnelle à des
prix défiant toute concurrence.
Vous tiendrez là vos véritables
anges gardiens même si les problèmes d'eau, électricité, de climatisations plus ou
moins défaillantes, de literies ou tout simplement de confort de base sont legions !
Et même si, sur la douzaine
de casas que nous avons habitées, très peu nous ont accueilli chaleureusement.
Souvent, la très bonne première
impression se transforme rapidement en absence d'un réel intérêt pour leurs hôtes
ou de manière plus pragmatique en relation exclusivement commerciale.
En résumé, celles et ceux
d'entre vous qui viendront chercher ou ramener de Cuba les repères historiques et
traditionnels de l'île y trouveront leur compte : images éternelles ou phrases célèbres de Fidel et du Che sur les murs, cigares
authentiques ou non à gogo, musique cubaine dans presque tous les bars, rhum à volonté,
...
Pour les autres, vous voilà
prévenus ...
Le Che avait en horreur
le mensonge :
Hasta la verdad ( vérité )...